Nous nous connaissons depuis les débuts de Breizh Music puisque Soig Sibéril a dès le début accepté de venir donner des cours pour nos élèves guitaristes. Il me reçoit avec cette simplicité qui le caractérise. Un café et il me raconte son histoire.
Qu’est qui t’a amené à la guitare ? J’ai commencé en accord standard avec la musique américaine des folksinger comme Bob Dylan, Woody Guthrie ou Pete Seeger. Ensuite je me suis intéressé à la musique bluegrass pour appréhender la technique du médiator. Nous sommes à la fin des années 70.
Comment es tu venu au DADGAD ? J’habitais en région parisienne et je suis venu vivre en Centre Bretagne. C’est là que j’ai découvert le fest-noz et cela a été un choc pour moi. J’étais un fan des groupes comme Diaouled ar Menez et les Sonerien Du mais aussi des sonneurs et des chanteurs traditionnels.
Un jour à Saint Péran, à côté de Glomel, j’ai vu un couple de musiciens irlandais, Mícheál Ó Domhnaill et Mick Hanly et cela a été un second choc car je ne reconnaissais aucun accord. J’ai pris mon courage à deux mains et je suis allé leur demander comment ils jouaient et avec quel accordage. Il m’ont expliqué comment accorder ma guitare en DADGAD et à partir de ce jour, je n’ai plus jouer que comme cela.
Pourquoi avoir choisi une carrière solo ? J’ai toujours voulu faire sonner ma guitare pour retrouver le style des chanteurs ou des sonneurs. Faire en sorte qu’en jouant une gavotte à la guitare, cela sonne gavotte. Ce qui n’est pas le plus simple car la guitare n’est pas un instrument traditionnel breton. J’ai donc eu envie de me lancer dans une carrière solo pour faire ce que j’avais envie de faire et ne pas me limiter à un rôle d’accompagnateur. J’ai réalisé le CD “Digor”, qui veut dire “ouvert” en breton. Dessus, j’y interprète des airs traditionnels mais aussi des premières compositions. Je ne lis pas la musique mais j’aime bien composer et m’inspirer de la musique d’ici.
Depuis “Digor”, tu as enregistré onze autres albums. Lesquels préfères tu ? Le prochain qui va sortir, “back to celtic guitar”. |
Pourquoi préfères tu jouer en DADGAD Je trouve que c’est un accord qui correspond bien à l’accompagnement des musiques traditionnelles celtiques.
C’est une façon qui correspond à l’interprétation et à l’accompagnement des musiques bretonnes. A la fois en picking arpégé et aussi avec le médiator. L’avantage de cet accordage est que l’on peut jouer mineur et majeur. L’objectif est de faire sonner au maximum la guitare en jouant sur les dissonances.
Pour commencer, tu joues en groupe. Tu en gardes quels souvenirs ? Il y avait énormément de concerts en Bretagne, dans les bistros et les cabarets, un peu à l’image de ce qui se passait en Irlande. C’est là et dans les festoù-noz que j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreux musiciens et groupes. J’ai commencé avec un groupe de Saint Brieuc qui s’appelait Skrilled qui est devenu Skaed. Ensuite, j’ai rencontré dans le centre Bretagne, Patrick et Jacky Molard, Eric Marchand, Pierre Crépillon et Youenn Le Bihan. C’est ainsi que l’on a créé le groupe Gwerz. En même temps, je jouais dans Kornog avec Jamie Mc Menemy, Jean-Michel Veillon et Christian Lemaitre qui donne aussi des cours à Breizh Music. Avec Kornog et Gwerz, j’ai beaucoup tourné aux USA, en Europe et en Bretagne.
Ton nouvel album est en duo avec JF Lalanne. Vous vous connaissez depuis longtemps ? Je connais Jean Félix depuis environ 23 ans. J’étais à la maison lorsqu’un jour il m’a appelé pour me dire qu’il aimait beaucoup ce que je faisais. Nous nous sommes rencontrés et nous avons créé “Autour de la guitare”. En 2012, nous nous sommes de nouveau réunis avec Gilles Le Bigot, Dan ar Bras et Gildas Arzel pour une série de concerts “Autour de la guitare celtique”. Et depuis lors, plus rien. |